Connais-tu la différence entre satiété et rassasiement ? Arrives-tu à identifier tes sensations alimentaires ? Sais-tu reconnaître la faim ?
Je sais, je ne te pose pas des questions faciles.
Bien que notre corps ait de base toutes les réponses en lui, nous avons généralement appris à ne plus écouter nos signaux. Ces ressources semblent parfois bien enfouies.
Pourquoi ? Parce que la nourriture devient souvent, au cours de notre vie, source de réconfort, de récompense, de conflit, de pansement, etc. ou au contraire devient si peu importante qu’elle n’a pratiquement plus aucune place. Nous nous déconnectons petit à petit de ce que nous ressentons, de ce que nous vivons et de ce dont nous avons besoin.
Pourtant, reconnaître et respecter ses sensations alimentaires est essentiel pour apaiser sa relation à l’assiette.
Différence entre satiété et rassasiement
Je lis souvent cette question : « pourquoi est-ce que j’ai encore envie de manger, alors que je viens de manger en bonne quantité ? »
Parce que la satiété n’est pas l’unique paramètre qui entre en jeu.
Ah ?
Oui, le comportement alimentaire est (entre autres) régulé par la relation entre :
le système homéostatique, qui régule la faim et la satiété ;
ET le système hédonique, qui gère les envies et le rassasiement.
Le rassasiement est donc, lui aussi, acteur de la prise alimentaire.
Tu te demandes alors peut-être quelle est la différence entre la satiété et le rassasiement?
La satiété est l’absence de faim et le rassasiement, l’absence d’envie de manger. En clair :
la satiété est un état de « non-faim » ;
le rassasiement est un sentiment de contentement et de sérénité, de « non-envie ».
Ce qui veut dire que, oui, en effet, le plaisir joue un rôle important dans nos comportements alimentaires. Le plaisir est directement lié au rassasiement.
Alors concrètement, comment sentir la différence entre les deux ?
La sensation de satiété
Enfant, nous avons un régulateur d’appétit naturel. Nous savons reconnaître quand nous avons assez mangé. Mais en grandissant, nous avons tendance à perdre ce signal.
Cela peut être dû à :
l’éducation (les phrases entendues du genre « tu ne sors pas de table tant que tu n’as pas fini ton assiette », « termine le plat, on ne va pas jeter ! », « mange, tu ne sais pas quand tu remangeras », etc.) ;
l’injonction oppressante de l’image du corps dans notre société (vouloir commencer un régime pour s’habiller une taille en dessous et engendrer un cercle vicieux de frustration et de compensation) ;
etc.
Résultat, l’alimentation n’est plus du tout intuitive, elle devient réfléchie, calculée, modifiée… Or, manger est un besoin physiologique. Le contrôle n’y a pas sa place, sous peine de brouiller les signaux de nos sensations alimentaires.
Pour retrouver la satiété, je te conseille de commencer par manger plus lentement. Essaye de mettre en sourdine la faim de ta bouche, de tes yeux et de ton corps, juste pour cette fois.
Concentre-toi sur toutes tes sensations.
Tu peux t’aider de la pleine conscience pour réaliser cet exercice. Une bouchée après l’autre, « questionne » ton estomac sur son degré de satiété : est-il ¼ plein ? ½ plein ? Entièrement plein ?
Petit à petit, cet exercice t’aidera à retrouver tes sensations de satiété.
Mais attention, la satiété seule ne suffit pas : elle doit être accompagnée de rassasiement pour que la prise alimentaire s’arrête et que tu te sentes pleinement satisfaite.
La sensation de rassasiement
Sans le plaisir, la satisfaction de manger ne peut être atteinte. Souviens-toi, le rassasiement correspond à l’absence d’envie de manger.
Quand tout se passe bien, nous donnons à notre corps ce dont il a besoin, selon ses envies et en temps voulu. Il est satisfait, la faim disparaît. Par contre, quand nous décidons de ne pas lui donner ce qu’il réclame (de « ne pas craquer », bien souvent) c’est là que ça coince.
C’est ce que j’explique dans mon bouquin :
« […] quand une baisse de glucose survient dans l’organisme, par exemple, le cerveau augmente la sécrétion de dopamine, responsable du désir et de l’envie de manger, et lorsque vous répondez à ce besoin, votre production de dopamine s’arrête et l’envie disparaît.
Par contre, si vous essayez de lutter contre votre envie de manger, votre cerveau produira plus de dopamine, rendant ainsi votre désir plus puissant. Et comme cette hormone est aussi responsable de l’attention, vous ne pensez plus qu’à ça ! […] »
Une envie de manger n’est donc pas un caprice ni une fringale passagère à contrôler.
Pour retrouver tes sensations de rassasiement, essaye de ramener du plaisir dans ton assiette. Mange des aliments qui te procurent de la joie. Essaye de ne pas lutter contre cette envie de chocolat, mais plutôt de l’accueillir et de tenter de la combler. Si tu la freines, tu risques fort de finir par engloutir la tablette entière, pleine de frustration et de culpabilité (je connais bien ça).
Si tu l’accueilles avec plaisir, gourmandise et pleine conscience, tu seras certainement surprise de t’arrêter après un carré, satisfaite et apaisée.
« Mouais, facile à dire… »
C’est vrai, tu auras sans doute besoin de plusieurs tentatives et de beaucoup de bienveillance avant d’y parvenir. Qu’est-ce que c’est difficile de changer ses habitudes. Mais garde ces infos dans un coin de ta tête. Ça fera son chemin, petit à petit.
L’importance de retrouver ses sensations alimentaires
Retrouver nos sensations alimentaires nous aide à mieux les respecter et, ainsi, à apaiser notre relation à l’assiette.
Nous déchiffrons avec plus d’aisance les messages de notre corps. Nous savons quand nous avons atteint la satisfaction de manger, quand nous arrêter, mais aussi quand nous mettre à table.
Ressentir la faim peut nous sembler si spontané, et pourtant ! Combien de fois pensons-nous avoir faim, alors qu’en réalité, il s’agit :
d’un besoin de boire ;
d’ennui ;
ou de stress ;
etc.
Pour en être sûre, tu peux te poser la question suivante : est-ce que j’ai envie d’un blanc de poulet trop cuit, ou d’un reste de chou de Bruxelles à l’eau (ou tout autre aliment qui ne t’envoûte pas plus que ça) ?
Si la réponse est : bof. Alors, tu n’as probablement pas faim. Prends quelques minutes pour écouter ton corps et essayer de comprendre ce qu’il veut te raconter. Cela t’aidera à agir de la façon la plus adéquate.
Retrouver, reconnaître et respecter ses sensations alimentaires est primordial dans une relation saine à la nourriture.
Si tu souhaites explorer ce sujet plus en profondeur, je lui dédie plusieurs chapitres dans mon livre « Mon assiette et moi ». Je parle d’alimentation émotionnelle, du fonctionnement du corps, du contenu de l’assiette, des comportements et des croyances, etc. Tu y trouveras tout un tas de réponses !
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