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Différence entre Alimentation Contrôle et Alimentation Pansement

Nous avons toutes une relation différente à la nourriture. Mais je crois que nous sommes d’accord pour dire que notre alimentation est, en grande partie, influencée par nos émotions. Aujourd’hui, j’ai envie de te parler d’alimentation compulsive, ou obsessionnelle. Je vais surtout te parler de la différence entre l’alimentation contrôle et l’alimentation pansement.


Ce sont des sujets sensibles, pour lesquels il n’existe pas une seule réalité. Je vais donc essayer de ne pas faire de généralités. Mais je vais te parler de ce que je connais pour te donner des outils afin de mieux comprendre ces troubles alimentaires.


Si cet article te touche profondément, n’hésite pas à faire une pause dans ta lecture pour y revenir. On y va.





Comprendre les compulsions alimentaires

La nourriture a plusieurs fonctions. Bien sûr, elle apporte au corps sa dose nécessaire de calories, vitamines, nutriments, etc., mais pas que. Elle peut aussi servir à réguler ses émotions. Lorsque nous vivons une émotion forte, cela crée un déséquilibre que l’organisme va essayer de réguler et les aliments peuvent faire partie de la solution.


Et on ne va pas se mentir, c’est rarement d’un bâtonnet de carotte dont on a envie à ce moment-là. Pourquoi ? Parce que les aliments les plus réconfortants sont aussi les aliments les plus riches : ils sont gras, sucrés, ou les deux.


Le cerveau envoie un message au corps afin de lui transmettre ce besoin. À partir de ce moment-là, notre attention est dirigée vers cette envie (de fromage ou de chocolat, par exemple). Et le seul moyen de la calmer est de manger ce qu’elle nous indique.


Mais attention, il ne s’agit pas d’engouffrer ces aliments, c’est important de les savourer. La sensation de plaisir est indispensable pour satisfaire notre besoin. C’est le plaisir qui fait disparaître le désir. L’alimentation émotionnelle est ainsi une envie de manger, sans nécessairement de sensation de faim. Il s’agit donc souvent d’un besoin de réconfort pour calmer une émotion. Et donc, si nous engloutissons notre part de brownie tout en nous culpabilisant de le manger, nous ne prendrons pas de plaisir et nous ne ferons qu’accroître notre frustration.


À l’inverse, si nous nous empêchons à tout prix de “céder” à cette tentation, le taux de dopamine (envoyée par le cerveau pour nous aider à trouver l’aliment dont on a besoin)  continuera d’augmenter tant que l’envie n’aura pas été comblée. Alors, nous ne serons plus capables de penser à autre chose. C’est à ce moment-là que ça peut devenir une compulsion alimentaire, comme l’explique bien Dr Zermati.


Pour aller plus loin, laisse-moi faire la différence entre alimentation contrôle et alimentation pansement.

Qu’est-ce que l’alimentation contrôle ?

L'histoire de Lisa

Pour bien t’expliquer ce trouble de l’alimentation, laisse-moi te raconter l’histoire d’une patiente, nous l’appellerons Lisa. Elle est dans sa trentaine, elle a deux enfants, un poste salarié à temps plein et une activité indépendante à côté. Bref, Lisa a une vie bien active. Physiquement, elle est assez fine, mais “au prix de beaucoup d’efforts” selon ses mots.


Elle m’explique qu’elle a toujours été mince et qu’il est impensable qu’il en soit autrement. Ça lui est arrivé une fois de prendre du poids lorsqu’elle avait 17 ans, après des vacances avec ses amies. Elle était alors revenue chez elle avec 3 kg en plus et avait tout de suite “fait le nécessaire” pour les perdre rapidement.


Depuis, elle ne cesse de jongler entre les phases de régime et les phases “de craquage”. Tantôt elle se jette sur n’importe quelle nourriture lui passant sous la main, tantôt elle s’arrête de manger durant des jours. Elle se sent épuisée et ne sait plus quoi faire.

Le contrôle dans l’alimentation

Depuis son adolescence, Lisa a appris à contrôler son alimentation. Ce contrôle a d’abord été un moyen de défense puissant pour elle. Mais aujourd’hui, il lui cause plus de tort qu’il ne lui apporte de bienfaits.


Elle se retrouve face à ce dilemme envers elle-même : tiraillée entre l’image qu’elle (pense) vouloir avoir d’elle-même et l’envie, voire le besoin de se sentir libre et bien dans ses baskets. Elle finit par se remettre en question et douter d’elle-même. Elle ne sait plus quoi penser et déprime.


Dans son processus, Lisa a complètement oublié la notion de plaisir et de désir dans son alimentation. À force de vouloir contrôler son assiette et chacune de ses bouchées, elle en a oublié ses sensations de faim et la satisfaction de combler les besoins de son corps.

Qu’est-ce que l’alimentation pansement ?


L’histoire d’Estelle

Et puis, il y a l’alimentation pansement. Pour cela, je vais te raconter une autre histoire, celle d’Estelle (là encore, c’est un nom inventé). Elle est dans sa quarantaine, a un super job qu’elle adore et travaille beaucoup. Elle est en surpoids et, aussi loin qu’elle puisse s’en souvenir, n’a jamais été mince.


Depuis sa plus tendre enfance, elle alterne entre les régimes et les moments où elle “craque”. Cela a toujours été une souffrance pour elle. Pourtant, à la maison elle a toujours eu une alimentation saine et équilibrée. Sa mère faisait attention à ce qu’elle mangeait et essayait différentes restrictions pour l’aider à trouver un poids d’équilibre : pas de dessert, pas de goûter, que des légumes, etc.


Mais, elle l’avoue (non sans peine), il lui arrivait souvent de manger beaucoup, et surtout du sucre. C’est encore le cas aujourd’hui. Estelle ressent de la honte vis-à-vis de cela. Elle se sent jugée et se juge elle-même.


Aujourd’hui, l’alimentation lui sert surtout à apaiser tantôt le vide, tantôt la souffrance, qu’elle sent à l’intérieur, quasi en permanence.

La nourriture comme véritable pansement

J’ai rencontré beaucoup de femmes comme Estelle, qui ressentent une grande angoisse depuis toujours par rapport à la nourriture, sans savoir exactement pourquoi. De prime abord, elles ont souvent une vie plutôt heureuse, qui les remplit de joie. Qu’elles soient rondes, obèses, ou minces.


Pourtant, derrière cette façade se cache une réelle souffrance liée à l’assiette. Elles essayent de le cacher au mieux, souvent éprises par un sentiment de honte ou de culpabilité.


Dans la plupart des cas, l’alimentation pansement arrive à la suite de traumas psychologiques (ou de n’importe quel fait vécu comme traumatisant), qu’ils soient uniques ou à répétition, durant l’enfance, parfois l’adolescence. Et ce, même si en apparence elles ont eu une enfance heureuse, ce qui est presque toujours le cas.

Quelle est la différence entre alimentation contrôle et alimentation pansement ?

Nous venons d’explorer deux situations bien différentes, mais pour lesquelles ces femmes sont en souffrance à cause de leur relation à l’alimentation. Que ce soit Estelle ou Lisa, elles ont des difficultés à bien ressentir leurs sensations de faim et de satiété, et n’arrivent pas à combler leurs besoins émotionnels correctement.


Elles ne comprennent pas nécessairement d’où vient leur trouble alimentaire. Dans un cas, l’alimentation est over contrôlée et mesurée, dans l’autre, elle est consommée à outrance comme réconfort, comme pansement pour une blessure mal identifiée.


La différence entre l’alimentation contrôle et l’alimentation pansement se trouve peut-être dans le déclencheur. Dans le premier cas, il survient la plupart du temps suite à un régime. Dans l’autre, il est plus profond, il se met en route dès l’enfance, suite à une souffrance, souvent inconsciente. Bien entendu, cette explication n’est pas figée et surtout, on peut passer de l’un à l’autre ou même mixer les deux, ce qui est souvent le cas.


Si tu souffres aussi de compulsions alimentaires, je t’encourage dans un premier temps à trouver quel a été le déclencheur pour toi.


  • Pourquoi as-tu commencé à manger de façon inadéquate ?

  • Quel âge avais-tu ?

  • Penses-tu que c’est un régime qui a tout déclenché ?

  • Ou bien as-tu toujours trouvé de l’apaisement et du réconfort dans la nourriture ?

  • Peut-être est-ce un mélange des deux ?

Identifier cela sera déjà un premier pas énorme pour toi. Tu pourras commencer à mettre le doigt sur ce qui te fait souffrir et cela peut t’apporter beaucoup d’apaisement d’en être consciente. Dans tous les cas, retiens que tu n’es pas coupable. Si tu manges de façon inadéquate, ce n’est pas parce que tu n’as pas de volonté. C’est parce qu’une part de toi a trouvé dans ce fonctionnement une solution d’apaisement. Elle peut te sembler maintenant inadéquate mais à un moment, dans le passé proche ou lointain, c’était la meilleure façon pour ton organisme de gérer ce qu’il se passait.

Ce qu’il faut retenir

S’il n’y avait qu’une phrase à retenir (et j’aime beaucoup la partager), c’est bien celle-ci : “Ni le sans sucre, ni le sans gras, ni aucune approche, aussi scientifique ou abracadabrante soit-elle, ne peut te faire perdre du poids durablement, si ce n’est de manger à ta faim et selon tes envies.”


Pour apprendre à bien manger, et ne pas (ou ne plus) souffrir de compulsions alimentaires, nous avons besoin de savoir écouter notre corps et nos sensations de faim. Mais je te l’accorde, ce n’est pas une mince affaire !

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